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N° 742 - Mirifiques et insaisissables [KORI] par Rico

Tout doucement, Kori entra dans la salle de pierres anciennes, perdue quelque part entre le Golfe du Mexique et l’océan Pacifique, au plus profond de la flore abandonnée. De précieux recoupements l’avaient conduit ici, dans cette cité oubliée d’un empire qui avait commencé à s'éteindre il y a cinq siècles, à la recherche du plus grand trésor qui ait jamais existé.

Oubliant toute prudence, Kori courut vers le mur plein d’inscriptions quand la lueur de sa torche lui permit de le distinguer. Cela faisait presque neuf mois qu’il était à la recherche de cette ancienne civilisation vaincue par les Espagnols et toucher au but lui faisait perdre les règles de prudence.

Nul n’était venu ici depuis de nombreuses années et Kori pouvait presque penser être reparti dans le passé. La nature n’avait cependant pas repris totalement ses droits dans cet endroit sombre et c’était surtout la poussière qui dominait. Tout, cependant, laissait à penser que les choses restaient intactes et que, si le trésor se trouvait toujours ici, Kori parviendrait à le trouver.

Assez profondément creusés dans la pierre, des signes faisaient face à Kori qui souffla sur le mur pour en dégager la poussière et mieux les distinguer. Ils étaient accolés sur deux lignes, chacune en présentant sept. Kori ne savait trop si c’était un code secret, une indication sur le lieu où était caché le trésor ou un message d’avertissement mais il lui fallait le décoder avant de poursuivre.

La recherche de ce trésor avait débuté il y avait un peu plus de deux cent cinquante jours et la majeure partie avait été consacrée à la transcription et la compréhension de vieux carnets de route espagnols narrant la recherche d’un double trésor mirifique et insaisissable. Les divers récits avaient amené Kori à situer ce trésor merveilleux ici et à s’y rendre.

Pour autant, rien n’avait préparé Kori à découvrir un petit village de pierres abandonné sans aucun signe de richesse. L’exaltation de la découverte étant plus forte que la déception, Kori ne s’avouait pas vaincu et était bien décidé à aller jusqu’au bout.

Ouvrant un calepin, il se mit en devoir d’étudier ces signes pour les décrypter, les recopiant au mieux dans leur disposition. Le premier était un oiseau assez laid, les ailes écartées, le bec pointu et le cou long. A côté, une dizaine de brins ou tiges semblaient sortir de terre. Puis à côté encore, un animal plat à la queue longue et la grande gueule à dents pointues.

Habilement et rapidement, Kori traçait les représentations sur les pages de son calepin. A la droite des trois premiers se trouvaient maintenant des traits ondulés qui faisaient penser à une rivière ou un torrent. Le dessin était à nouveau représenté en avant-dernière position de cette ligne et en seconde position de la ligne suivante.

Une autre série de traits, verticaux ceux-là, était entre les deux « rivières », semblant tomber de haut. Le dernier dessin de la ligne était une sorte de pierre arrondie, ovoïde. Kori repensa aussitôt aux hommes préhistoriques mais écarta ces pensées pour rester concentré sur sa retranscription.

Au début de la ligne suivante, on retrouvait le dessin qui était en seconde position de la première ligne, puis le signe qu’il avait déjà noté et des traits côte à côte, comme si on avait voulu dessiner du vent.

L’image suivante était répétée en fin de ligne. C’était une sorte de chemin sinueux formant plusieurs esses. A bien y regarder, la chose était fermée et avait un point qui ressemblait à un œil. Oui… Il y avait également un trait qui dépassait au bout…

Les deux derniers dessins étaient, pour le premier, le même que celui trouvé à la fin de la première ligne, puis une fleur qui semblait totalement incongrue parmi les autres signes. Kori en dessina la courbe des pétales soigneusement avant de vérifier s’il n’avait rien oublié mais non, tout était bien là.

Il sortit de la pièce, préférant l’air lourd et humide à celui, plus renfermé et poussiéreux, de la salle. Il entreprit de déchiffrer le code qu’il avait relevé. Après tout, ce n’était pas très difficile vu le lieu et le peuple… Il hésita entre trois, mais brièvement. Après tout, c’était forcément le plus court… Le déchiffrage n’était alors qu’un jeu d’enfant et il éclata soudain de rire en découvrant les deux grands trésors, mirifiques et insaisissables, qu’il venait de découvrir.