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N° 319 - La chanson de Thomas [CHANT] par Véronica

Son sommeil avait été troublé par les spectres de son chagrin et il fut soudain réveillé par le bruit sec et répété des aiguilles de l‘horloge. Il se leva immédiatement et se vêtit hâtivement.

Pendant qu’il préparait un café bien fort, sous ses pieds, le crissement des débris d’assiettes lui rappela l’horrible scène de la veille. Comment pourrait-il jamais l’oublier ?… L’amertume du liquide brûlant lui permit de refouler les larmes qui lui montaient aux yeux mais il ne pouvait demeurer plus longtemps entre ces murs témoins de son malheur. Il saisit sa grosse veste et sortit.

Dehors, il faisait encore nuit, mais le clapotis de ses bottes dans la grande flaque de la cour et l’absence de lune annonçaient une autre journée de pluie. Alertées par sa présence, quelques volailles se firent entendre mais tout redevint vite très calme. Il se pressa dans les rues du village qu’il quitta aux six coups de la cloche de l’église. Cette fois encore, la forêt serait son refuge.

Il arriva près du lac aux premières lueurs de l’aube, il eut ainsi l’impression de réveiller les piverts qui commençaient à donner du bec. Il surprit même la protestation effrayée d’une jeune biche à peine sortie de sa tanière. Il était chez lui. Là, sa peine s’estompait ; là, il pouvait épuiser son malheur dans la course et l’air piquant ; là, le vent criait dans les arbres et chassait sa détresse. Là, enfin, son cœur n’était plus contraint au silence.