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N° 318 - La chanson de Serigne [CHANT] par Véronica

Cela fait deux heures que je subis les désagréments des embouteillages, peu à peu je perds patience. L’individu qui est dans le véhicule qui me suit n’est guère civil, en voilà assez ! Je descends de ma voiture, m’empare de mon bagage dans la malle arrière et m’en vais, abandonnant mon automobile sur le boulevard périphérique. Peu importent les conséquences, je m’éloigne rapidement.
Je subis trop de pressions et puis j’ai très faim, il me faut trouver un établissement de restauration rapide. J’en découvre un, j’y pénètre. La file d‘attente est extrêmement longue mais je patiente.
Après environ une demi-heure d‘attente, je fais preuve de beaucoup de courtoisie pour demander un petit déjeuner à l‘employée qui me répond qu‘elle est désolée mais qu‘il est midi et que le service des petits déjeuners prend fin à la mi-journée. Je rétorque qu’il n’était pas tout à fait midi lorsque j’ai formulé ma commande, que je souhaite qu’elle fasse preuve de bonne volonté et me serve le petit déjeuner anglais, avec un œuf, que je convoite. Elle s’obstine dans son refus et me suggère de prendre plutôt un plat du jour ou d’aller m’adresser à un autre établissement. Je demande alors à parler au directeur qui, hélas, est absent. L’employée me recommande un confrère asiatique.
Je sollicite un tout petit délai et tire de mon bagage une arme à feu que je brandis. Les personnes qui me suivent dans la file, alors qu‘elles se montraient auparavant plutôt impatientes, s’éloignent. L’employée ne me contredit plus et m’offre de prendre sa recette, arguant qu’elle ne souhaite pas trépasser. Elle me vante la quantité de papier-monnaie et de pièces que contient son tiroir-caisse. Je réponds que je souhaite un petit déjeuner et me montre menaçant.
L’objet de ma convoitise m’est servi trois minutes plus tard et, alors que je m’apprête à quitter l’établissement, l’employée ajoute qu’elle avait joint un gros sandwich à ma commande. Cette sortie était totalement inadéquate, je ne souhaitais qu’un petit déjeuner…
Je perds patience, morbleu, je perds patience, je perds patience, mais oui, je perds patience ; j’ai tout perdu, mon épouse, mon enfant, mon emploi, je n’ai plus rien à perdre, fichtre !…