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N° 983 - Orange MOIS-Couleurs par Rico

L’autre soir, Nancy, une amie, est venue me voir, enthousiaste. Je vous retranscrit ce qu'elle m'a dit.

« J’ai eu une super idée de film !

On a donc le héros, un caractère assez violent, costaud, bête, borné, qui abuse des oranges.

Mais carrément, tu vois ? Il les écrase dans ses mains, avec un rictus tordu, tu vois ?

Allez, on peut même dire, il devient carrément lunatique, tu vois ? A hurler à la lune, éclater de rire, tout ça.

Ça va de plus en plus loin. S’il voit une orange, il la piétine. Comme ceux qui lui font des remarques : il injure son voisin, bam, coup à la mâchoire, sang, bagarre…

Bref, un type formidable...

Il peut pas s’en empêcher. Au point que ça devient un besoin. Il faut qu’il écrase des oranges pour se sentir bien.

Outrage général, plus personne ne veut de lui dans le quartier, on fait des démarches pour l’expulser…

On lui envoie une injonction pour ça. Il la rend. Il s’en tape, lui, il a perdu la raison de toute façon.

Et puis un soir, chez lui, après avoir mangé, il réfléchit. Il se frotte la tête, une orange est explosée sur sa table, il reste un long moment la main posée sur la nappe, les yeux dans le vague…

Et d’un coup, il sait. Il rit comme un gamin en regardant son orange, comme s’il était en pleine intoxication alors qu’il n’a touché à rien, tu vois ?

Il va devenir vendeur de jus d’orange !

Il est heureux, tu vois, son handicap va devenir une chose positive !

Il va développer son commerce et finir dans l’affluence totale, les gens se pressant de venir acheter un jus d’orange aussi original.

Sympa, non ?

Qu’est-ce que tu en penses ? »

Bon, je passe sur la pertinence du scénario mais quelques erreurs, entre Nancy, l’orange, l’héroïne, me font me demander dans quel état elle va se retrouver…