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N° 758 - La fin et le renouveau [KORI] par Rico

Le commissaire Delasalle avait fait venir Kori à la prison centrale d’une façon si pressante que Kori n’avait pas résisté. Il avait abandonné ses occupations pour se rendre au rendez-vous avec une angoisse qui grandissait au fur et à mesure qu’il approchait du grand bâtiment.

Les hauts murs de la prison, surmontés de barbelés, se dessinaient en sombre sur un ciel gris et tout semblait fait pour prédire de mauvaises choses. Car pourquoi faire venir Kori dans un tel lieu s’il n’y avait pas un malheur à venir ? Comment pourrait-on trouver une œuvre quelconque dans ce genre d’endroit, construit récemment sur un sol largement fouillé auparavant pour éviter tout souci ?

Passé les portes et les multiples vérifications, Kori fut conduit auprès de son ami, dans une petite salle munie de nombreux écrans et boutons de toutes sortes. Dès qu’il fut entré, le commissaire se jeta sur Kori, pris d’une intense émotion.

- Ah ! Kori ! Enfin !
- Maxime, que se passe-t-il ?!

Le commissaire entraîna Kori vers les écrans.

- Tu ne vas pas en croire tes yeux !

Et en effet, quand Kori se posta devant les écrans, il ne put en croire ses yeux. Là, au centre d’une petite pièce sale, Kereb fulminait en silence.

- Vous l’avez attrapé !

La tête lui tournait. Ainsi, c’en était fini de l’ignoble Kereb. Il était bel et bien bouclé et Kori n’aurait plus à le traquer ou à déjouer ses plans ! Il lui semblait qu’un grand vide se faisait en lui. Il avait besoin de s’asseoir.

- Oui, enfin… Attrapé… Disons qu’on nous l’a livré.

Kori leva un œil interrogateur vers son ami. Comment pouvait-on avoir livré Kereb, lui que les meilleurs policiers du monde n’arrivaient pas à attraper ?!

- Eh ! Bien… On l’a retrouvé devant la porte de la prison. Une camionnette a reculé, le garde a voulu vérifier ce que c’était… Les portes se sont ouvertes et Kereb en est tombé. La camionnette a aussitôt décampé. Ils ont beau être rapide, ici, c’est comme si elle avait complètement disparu !

Kori se leva.

- Je ne comprends pas. Qui aurait pu livrer Kereb ? Qui aurait voulu le livrer ?

Le commissaire se gratta la tête.

- Il semble que nous ayons une nouvelle voleuse… Qui voudrait prendre la place… Une russe nommée Kéroniva… Elle a laissé un message sur Kereb pour dire qu’il la gênait dans sa volonté de se constituer la plus grande collection d’art pouvant exister, que c’était un gâchis de laisser un personnage comme lui, qui ne savait pas apprécier les œuvres, voler en toute impunité et qu’en nous le livrant, elle se débarrassait à la fois d’un rival et d’un homme sans goût. En espérant que l’on apprécie son geste… Apprécier son geste ! Je te demande un peu !

Kori se sentait mieux mais la tête lui tournait encore. Il ne pouvait que donner raison à cette Kéroniva… Le vide qui venait de se faire en lui s’emplissait maintenant. Un ennemi en chasse un autre… Une nouvelle voleuse… Mais… D’instinct, il avait plus de respect pour elle…

- Il faut donc s’attendre à la retrouver un jour…
- Probablement. Elle a également laissé quatre fragments de papier…

Le commissaire les sortit d’un dossier et les posa sur la table vers Kori qui hésita à les prendre.

- Tu peux y aller. Ce sont des copies. On a déjà recherché sans succès des empreintes sur les originaux.

Kori prit donc la première feuille. Dessus, tapé à la machine, on pouvait lire :

AIIS
ONDE
LOAU
EDIS

- Nos équipes de décodage sont sur le coup, on ne lésine pas ! Les cryptographes les plus renommés et les plus compétents ont accès aux meilleurs ordinateurs !

Kori prit la seconde feuille. Tapé de la même façon, on pouvait lire :

VEEM
RESN
NSCO
SANI

- Ils tournent les lettres dans tous les sens, font des tableaux, des je ne sais quoi de César Vigenère. Enfin, ça carbure !

Kori posa la feuille à l’écart pour regarder ce que disait la troisième feuille :

ACNO
CEMB
ENDA
NTLA

- Ça carbure, mais on n’aboutit à rien. Pas fichu avec toutes leurs connaissances et leurs appareillages à me décoder ce truc-là. Manquerait une grille, qu’ils me disent… Compliqué, qu’ils me disent…

Un sourire commença à se former sur les lèvres de Kori qui prit la dernière feuille pour vérifier qu’il avait vu juste :

ONEV
UXAN
MOBI
DETE

- Alors je me suis dit que toi, les choses compliquées ne te faisant pas peur, tu aurais peut-être une idée… Un cerveau en plus, ça ne peut pas faire de mal…
- Tu as bien fait, Maxime… Je pense que ces gens ont trop de connaissances et vont chercher trop loin… Je sais où on va retrouver cet étrange personnage…
- Ah ! Bon ? Dis-moi ça en quatre mots…