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N° 253 - La chèvre de M. Seguin 5 [DECL] par Michel GAYDIER

La semaine suivante, M. Seguin a choisi un autre pré, pour que la petite chèvre ne s’ennuie pas, un grand pré qui sent bon le trèfle et la sarriette. Et il l’a entièrement clos sur ses quatre cotés avec de robustes piquets en acacia et un grillage tout neuf.
Et puis il a aussi acheté une corde neuve, solide, mais quand même assez longue, pour que la petite chèvre ne se sente pas trop à l'étroit, et y a attaché la chèvre. Et là, M. Seguin, qui en a un peu marre que Mathilde, elle l’escagasse à frimer avec ses maths chaque fois qu’elle vient le voir, il prépare son coup :
- Peuchère ! Explique M. Seguin à Mathilde, tu vois, ce pré, pitchounette, hé bé, il est carré. J’en suis sûr par ce que j’ai mesuré les, les… les cotés du milieu, là et là (toujours pas, qu’il chante, M. Seguin, et heureusement par ce qu’il n’est pas doué pour ça, mais il montre à Mathilde)
- les diagonales, l’aide Mathilde
- si tu veux, et bien les dix à gonales, elles ont la même longueur, et puis j’ai mesuré l’angle, elles sont pépères… euh pampers…, enfin, elles se coupent à angle droit...
Et pour bien montrer que son pré est carré, il commence à faire le tour en mesurant les cotés (là, même la chèvre elle rigole en douce, par ce qu’elle sait bien qu’il eût fallu que les diagonales se coupassent en leurs milieux respectifs).
Et il trouve successivement 43 m, 38 m et 48 m, et il s’arrête, très déçu. Mathilde le console un peu, lui explique le truc, et pour finir (elle est vachement forte, Mathilde, et elle sait faire des calculs compliqués en moins de temps qu’il n’en faut à une chèvre de M. Seguin pour couper des diagonales en leurs milieux respectifs) elle lui montre comment on calcule la longueur du quatrième coté et des diagonales.
Serez-vous aussi fort que M. Seguin ? Par ce que lui maintenant, il est franchement vexé, mais il sait faire ! Donner, en mètre, arrondies au cm le plus proche, la longueur du quatrième coté et celle des diagonales, séparées par un tiret (exemple : 12,34-56,78).

Epilogue :

Ce qui devait arriver est arrivé. Fatigué de planter des piquets, las d'acheter de la corde, vexé que tout le monde, même la chèvre, soit meilleur que lui en maths, un beau matin, M. Seguin a fait son balluchon et est parti dans la montagne. Là, il a rencontré le loup, qui s'est avéré être un compagnon tout à fait acceptable. Ils ont passé de longues soirées à parler de leurs connaissances communes, surtout la Noiraude, une maîtresse chèvre, qui leur en avait fait voir à tous les deux. On ne le revit plus guère dans la vallée que quand, de loin, en loin, il descendait se ravitailler en apéritifs anisés et en vin clairet (pas souvent, car il savait les apprécier et les consommer avec modération).