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N° 1617 - L'île aux huit fléaux MOIS-Lieux insolites par Scrablor

Ce fait divers est bien antérieur à 2015.

Le ciel s’assombrissait lorsque Prudence Fraser posa le pied sur l’île. Militante écologique convaincue, elle voulait comprendre pourquoi les visites étaient strictement interdites sur ce morceau de terre.

Une première surprise l'attendait sur la plage où elle avait accosté. Des individus peu scrupuleux s'étaient débarrassés de vieux frigos. Les CFC s'étaient échappés par les trous de rouille, participant à la destruction de la couche d'ozone.

Avançant prudemment, elle aperçut un vieux conteneur en métal rempli d'une substance chimique instable. Le risque d’explosion était nul car les températures du lieu restaient toujours basses et que le produit était à l'air libre.

Continuant son exploration, elle glissa sur une mousse verdâtre et tomba la main en avant dans un sol boueux imprégné d'insecticide. Le produit répandu était nocif pour la peau mais heureusement pas toxique. Elle nettoya prestement l'endroit touché.

Elle poussa un ouf de soulagement en découvrant, à quelques mètres de là, une flaque argentée qui s’étendait en fines traînées. Si elle y avait mis la main dans sa chute, les brûlures auraient pu être graves.

Montant vers les rochers, elle atteignit une crevasse où elle reconnut des fragments jaune pâle de pentachlorure de phosphore. Lors des pluies ou des fortes marées, les copeaux qu'on avait jetés là devaient réagir violemment avec l'eau.

S'enfonçant plus avant dans les terres, elle découvrit un sac plastique éventré, libérant une poudre rouge-brun. Sans l'inscription sur le sachet, elle n'aurait pas reconnu l'iodure de rhodium. Quelle inconscience ! Comment peut-on ignorer ses effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique ?

Poursuivant son chemin, elle aperçut une cabane abandonnée. À l’intérieur régnait une odeur désagréable. Le coupable était un pot ouvert contenant de l'éthylxanthate de potassium. Ce produit peut facilement donner un mélange explosif...

Elle en savait assez et décida de repartir vers son canot par un autre sentier. Une tache d'herbe rabougrie et noirâtre attira toutefois son attention. Hélas, elle n'était pas équipée pour reconnaître le contaminant toxique pour les organismes du sol qui avait causé cet impact.

Écœurée par ses découvertes, Prudence reprit les rames avec la rage en elle. Tandis qu’elle s’éloignait, elle élaborait déjà son rapport pour la revue de son association écologique, jurant de ne plus jamais remettre les pieds sur cette île dont vous avez trouvé le nom.