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N° 1317 - Léonard de ? MOIS-Léonard de Vinci par Scrablor

Sur le seuil lumineux du paradis, l'homme, fraîchement arrivé après une vie passée à admirer les œuvres de Léonard de Vinci, était bien décidé à rencontrer son idole artistique. Cet admirateur passionné avait consacré des heures à étudier les détails subtils de chaque tableau, à déchiffrer les carnets remplis de croquis et à contempler les mystères cachés derrière le sourire énigmatique de Mona Lisa. Il ne pouvait tout simplement pas attendre pour discuter avec le maître lui-même.

Armé de son émerveillement et de son énergie contagieuse, il s'avança vers l'ange préposé à l'accueil du paradis et demanda avec enthousiasme :
- Où puis-je trouver Léonard de Vinci ? Je suis son plus grand admirateur et je veux lui exprimer ma gratitude personnelle !

L'ange, avec un sourire aussi niais qu'angélique, pointa du doigt une direction en disant :
- Oh, c'est Leonardo vous cherchez, n'est-ce pas ? C'est une vedette ici ! Vous le trouverez là-bas, tout au bout de cette voie, occupé avec toutes ses créations. Vous n'imaginez pas l'espace qu'il faut lui accorder...

L'homme était aux anges et se précipita dans la direction indiquée, son cœur battant d'anticipation. De nouvelles créations !!! Quelle bonne nouvelle... Il emprunta des ruelles pavées, ornées d'œuvres artistiques célestes, sans ralentir pour les admirer, jusqu'à ce qu'il arrive devant une grille portant une inscription sibylline : "Allevamento di Leonardo".

Un élevage ? C'était inattendu ! Il entra avec une certaine appréhension. Stupeur ! À la place du maître de la Renaissance, il se trouva face à un homme drapé de vêtements d'une époque plus ancienne, entouré d'une foultitude de petits lapins.

Perplexe, l'admirateur demanda :
- Excusez-moi, m'est-il possible de voir le maître Léonard ?

L'homme, avec un sourire accueillant, répondit :
- Mais oui, c'est moi ! Je suis Leonardo, pour vous servir ! Vous voulez des lapins ? J'en ai autant que je veux, il suffit d'attendre suffisamment de mois. Surtout qu'au paradis aucun ne meurt !

L'admirateur était abasourdi. Il s'attendait à un dialogue sur l'art et la créativité, mais il se retrouvait face à un homme qui semblait plus préoccupé par des lapins que par des pinceaux.

- Ôtez-moi d'un doute. Vous avez abandonné la peinture ? Vous ne poursuivez pas vos inventions ? Vous êtes sûr d'être Léonard de Vinci ?

Son vis-à-vis éclata de rire et expliqua :
- Ah ! Je comprends votre étonnement... Désolé pour vous, je ne suis pas Léonard de Vinci mais Léonard de ...

L'admirateur, passant de la confusion à l'amusement, ne put s'empêcher de rire avec lui. Ainsi, au lieu de discuter avec Léonard de Vinci, il se retrouva à partager des anecdotes sur les lapins et à découvrir que, même au paradis, l'humour mathématique pouvait être divinement drôle.